CIRCUITS INTÉGRÉS: 10 JOURS À L’ÉTRANGE FESTIVAL
Pour fêter les 30 ans du plus Étrange des festivals, Hors-circuits a missionné Nicolas Andrieux, qui a écarquillé les rétines et tapé frénétiquement sur son clavier numérique pour faire vivre le récit de ses aventures cinématographiques. Retrouvez en exclusivité le debrief jour par jour des projections de la veille. C’est parti !
 
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J1 - OUVERTURE SPECTRALE ET CHAIRROVIAIRE
 
Dans un Forum des Images endimanché, une salle 500 pleine à craquer, L’Étrange Festival célébrait le mardi 3 septembre l’ouverture de son trentième anniversaire, et a soufflé pour l’occasion trois premières bougies : la star de la soirée Sanatorium Under the Sign of the Hourglass (2024) ; précédée du court mais très acidulé The Blue Diamond (2024) ; et suivie du bien bourrin Kill (2023). En piste !
 

La projection de Sanatorium était en elle-même un petit événement, en cela qu’elle signait un retour aux affaires des frères Quay près d’une vingtaine d’années après leur dernier long-métrage. Fidèle aux préceptes de ses géniteurs, ce petit bijou artisanal — 3500 jours de travail !! -, décousu autant que tricoté, mêle les séquences en stop-motion aux prises de vues réelles, et revendique une expérience unique — d’ailleurs annoncée comme l’accomplissement ultime des deux britanniques.
 
Cette affiche était aussi empreinte de nostalgie. Président du festival, Frederic Temps a activé la machine à remonter le … euh … temps et a présenté ce film des frères Quay — contraints à l’absence lors de cette soirée — en perspective d’une autre de leur programmation à l’Étrange : c’était en 1993, lors de la première édition. C’est d’ailleurs lors de cette séance que les amis d’ED Distribution ont découvert cet univers fraternel, pour aujourd’hui le distribuer en France. Une histoire de famille donc, et de longévité !
 
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Sanatorium Under the Sign of the Hourglass
 
Mais alors le pari est-il réussi pour cette première réalisation en compétition de la dizaine ? Introduite à raison moins comme un film que comme une œuvre d’art, Sanatorium assume jusqu’au bout ses partis pris — ceux d’une fable à la fois spectrale et déroutante, morbide et onirique, kafkaïenne et fantaisiste -, quitte à laisser quelques infidèles sur le carreau. Un spectacle clivant donc : ronflant pour mon voisin d’accoudoir ; enchanteur pour d’autres afficionados qui ont tapé des mains debout ; mitigé pour moi. 6/10 — évaluation donnée non par hubris notatif mais bien parce qu’elle est sollicitée par le festival en vue de la remise du “grand prix du public”.
 
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Blue Diamond
 
En première partie de soirée, c’était la même salle, mais carrément une autre ambiance. La réalisatrice Sam Fox est venue en personne présenter son Blue Diamond, court-métrage à son image : groovy et allumé. OCNI délibéré — Objet Cinématographique/Croustillant/Compulsif Non Identifié -, aux filiations improbables entre Get Out et Les Bronzés font du Ski — il faut le voir pour le croire -, le film a débouché le champagne dans le rire et fracas : 30 ans, âge de la maturité certes, mais aussi celui de la bidonnade !
 
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Kill
 
Embarquement ensuite pour un casse-croûte ferroviaire, et autant vous dire que celui-ci, il n’est pas concocté par Thierry Marx. En introduction de Kill, réalisé en 2023 par Nikhil Nagesh Bhat, Philippe Lux nous promettait une entrée « dans le dur » du festival — déjà !! — et sa prophétie n’a pas déçu. Parce que ce second film en compétition ne fait pas dans la dentelle. Imaginez un croisement kitsch à mort entre Un Dernier Train pour Busan (2016) — sans zombie — et J’ai rencontré le diable (2010) — sans neurone. Le tout à la sauce indienne. Le pied total — et sans sarcasme !!
 
Alors les plus sceptiques ont dit après la séance que le film était répétitif, mal interprété, qu’il n’était qu’un pastiche de certaines inspirations asiatiques, et qu’il était même carrément putassier — il y a tellement de références à la pop culture occidentale, que Kill a l’air de tenter une grosse pelle au marché international. Oui, oui, oui, oui ! Mais voilà, c’est aussi un film jubilatoire, inventif par moment — big up notamment à l’extincteur et à la recharge de zippo -, qui ne cède pas non plus complètement à la caricature. Le public s’est marré et moi aussi. 7/10.
 
BREF. Trois films on ne peut plus différents, comme un grand écart à trois jambes, et qui donnent formidablement envie d’en voir plus. La suite, vite !!
 

 
J2 — ROYAL RUMBLE ET CHAPEAU EN PAPIER
 
Après une cérémonie d’ouverture endiablée, le festival a quitté le rivage et jette ses filets au large. Ce mercredi 4 septembre, deux films visionnés : Crazy Family (1984), « pépite de l’Étrange » ; et Schirkoa : In Lies We Trust (2024), mis en lumière dans la programmation dédiée aux « nouveaux talents ». Deux films, un « yeahhhh », un « mouais ». On y va !
 
Au risque de se faire voler la vedette, l’Étrange fêtait hier un autre anniversaire : les 40 ans de la sortie de Crazy Family, réalisé en 1984 par le cultissime Gakuryu Ishii — gros gros big up à son Electric Dragon 80.000 V. Et pour un quarantenaire, le film a encore une sacrée patate ! S’il commence plutôt mollo, c’est qu’il ne cesse au fil des minutes, d’aller plus loin, plus haut, plus gros. Jusqu’à son peak time complètement fou aux allures de royal rumble et de bataille dans la gadoue !
 
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Crazy Family
 
Le talent d’Ishii est aussi de resserrer sa caméra sur des personnages tendres, fantasques et formidablement bien écrits — une gamine qui fait du catch, on ADORE. Et Little Miss Sunshine (2006) lui doit d’ailleurs beaucoup dans ce portrait d’outsiders magnifiques — certaines correspondances sont si troublantes que je suis à deux doigts de crier au plagiat. D’autant que les deux films se rapprochent dans leur portée politique : la critique acerbe — mais grotesque — d’une bourgeoisie polissée, qui normalise, qui nivelle, qui inhibe, qui détruit.
 
Cerise sur le mochi, Crazy Family est assorti d’une bande-originale de folie, et qui oscille entre la J-Pop et les riffs plus new-wavy. Rien d’étonnant de la part d’un réalisateur qui a fait ses premières classes dans la musique — du côté du punk-rock notamment -, musique qui apparaîtra de manière plus ou moins explicite dans le reste de sa filmographie. Ici, Gakuryu Ishii s’entoure du mystérieux groupe 1984, vraisemblablement créé à l'occasion du film, sur lequel je ne trouve aucune information en ligne.
 
Bref, dommage qu’on ne m’ait pas demandé de mettre une note parce que j’aurais mis un gros 10 — bim !
 
La seconde partie de soirée était, elle, moins enthousiasmante. La projection de Schirkoa: In Lies We Trust (2024) comptait pourtant sur la présence du réalisateur Ishan Shukla et de toute son équipe, mais aussi sur les éloges enflammés du directeur du festival, Frédéric Temps — qui promettait en introduction le “meilleur film de l’année”.
 
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Schirkoa: In Lies We Trust
 
Alors, je suis peut-être juste passé à côté, mais je me suis noyé dans son univers compliqué, dans sa prose métaphysique, et au final, je n’ai pas pu m’empêcher de voir un sous-Matrix. Il faut pourtant reconnaître au film, qui sortira bientôt dans les salles françaises, une animation rythmée et ambitieuse, quelques idées très bien exploitées — celle WTF des sacs en papier notamment — et une esthétique cyberpunk qui explore d’autres imaginaires. Donc longue vie à Schirkoa, mais sans moi.
 

 
J3 — CARTES BLANCHES ET GROS BILLET
 
Jeudi 5 septembre, encore une bien belle journée à l’Étrange : cinq films, trois cartes blanches, un bébé qui fait de la résistance, deux bras en trop, des gros lorgnons et un gros paquet de victimes - pas si - innocentes. Bref, le rêve et c’est ici qu’on vous raconte. Showtime !
 
Après avoir présenté son premier long-métrage — Vincent doit mourir — à l’Étrange l’année dernière, Stephan Castaing signait son retour au Forum des Images, mais avec cette fois quelques-uns de ses films fétiches dans les mains. Une sélection qui a les deux pieds dans le cinéma de genre, mais surtout une sélection “généreuse”, “drôle”, “à son image” — me glisse-t-on à l’oreille. Ce jeudi, c’était Le Monstre est Vivant (Larry Cohen, 1974) qu’il partageait avec la salle 300 : réalisation qu’il a découverte à 12 ans, et qui l’a dissuadé donc très tôt d’avoir des enfants — on le comprend !
 
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Stephan Castaing et Frederique Temps ©Frederic Ambroisine
 
Parce que oui, la vraie originalité de cette série b cultissime, est d’avoir fait de son antagoniste monstrueux un bébé : définitivement born ready — à peine sorti du ventre, qu’il massacre déjà toute la salle d’opération. Un régal assurément, même si on pourrait reprocher à sa construction en slow-burn, un slow trop slow et un burn pas assez burning — montre nous un peu plus ce joli bébé Larry goddamit !! Peut-être que le film subit aussi simplement la comparaison avec les maîtres du body horror — Carpenter et Cronenberg pour ne citer qu’eux — auxquels Cohen prépare le terrain.
 
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Le Monstre est Vivant
 
Peut-être enfin que ce tempo “moderato” déplace les images vers le débat plus politique de l’avortement, débat central et explicite du film. Au point que ce bébé serial killer finit pas mal par ressembler au foetus dont les parents envisageaient à l’origine de se séparer. Alors pro-life le Cohen ? Militant pro-avortement ? Pas sûr d’avoir bien compris, mais pour un début d’après-midi, c’était quand même un sacré bon film.
 
Entre deux séances, interlude conversationnel et politico-métaphysique avec une consoeur festivalière sur la bonne conduite à adopter pendant la dizaine : favoriser ou non, les films en compétition ? Cela me rappelle que ça fait deux jours que j’ai lâché la compet’ ; on me répond que “de toute façon, le cinéma est mort” ; alors amen !
 
Rendez-vous ensuite en terre encore inconnue, la cryptique salle 100 — cryptique parce que derrière les toilettes — pour le second des trois opus de la sélection d’Alexis Langlois. Après The Doom Generation (1995) et avant The Last of England (1987), il présentait cette fois un double-programme : L’Inconnu de Tod Browning (1927), un de ses films de chevet ; et I was a teenage serial killer (Jacobson, 1993), qu’il a choisi sans le connaître parmi la liste qui lui a été proposée, “juste parce que le nom était cool et que sa réalisatrice avait l’air stylée”.
 
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Alexis Langlois ©Frederic Ambroisine
 
Et autant dire que son pif a eu du nez parce que, si Sarah Jacobson revient en force de l’autre côté de l’Atlantique grâce notamment aux rééditions de l’AGFA, elle est encore trop discrète sur les écrans français : personne d’ailleurs n’était familier avec son travail dans l’assemblée — à part moi poualalaaa — et le découvrir en salle, quel régal total !
 
Bon mais, entre une histoire d’amour “amputée” des années 20 et un misandre jeu de massacre des années 90, quel rapport me direz-vous ? A priori aucun, à part le noir et blanc très expressionniste des deux partis, et la cohérence d’Alexis. La collusion a quand même fini par trouver correspondance, rassemblant deux protagonistes féminines abimées et rejetant — chacune à leur manière — l’emprise du patriarcat. D’autant que la réorchestration moderne et magnifique du film de Tod Browning lui donnait une résonance contemporaine, alors franchement chapeau bas !
 
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I was a teenage serial killer
 
Bien sûr, j’aurais voulu grappiller les réactions de celui qui présentait son premier long-métrage à Cannes en juin dernier — Les Reines du Drame -, l’interroger sur ce film qu’il avait programmé et découvert, mais cette affaire reste à suivre, parce que dès les lumières allumées, nous nous sommes rués vers la sortie : surtout ne pas louper l’entrée en piste de Christophe Bier !
 
Et le prophète du mauvais genre et des élucubrations érotiques à la française n’a pas déçu. Loin de là — mais alors très très très loin de là. Avec son verbe unique, il a signé une tribune héroïque au “personnage” — comme il dit — de Jean-Claude Rémoleux, auquel il a donné tout le crédit de sa carte blanche.
 
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Sylvain Perret et Christophe Bier ©Frederic Ambroisine
 
Vous n’aviez jamais entendu le nom de Rémoleux ? Eh bien moi non plus ! Mais celui qui ne doit son apparition sur les écrans qu’au simple hasard prénommé Orson Welles — qui lui donnera un petit rôle dans Le Procès (1962) -, est pourtant une légende. D’abord figurant — mais de ces figurants qui ne sont pas assez “invisibles” pour le rester, dixit Christophe Bier -, c’est devant les caméras de Jean-Pierre Mocky et Pascal Aubier qu’il va crever l’écran, avec son phrasé incompréhensible et son allure imposante.
 
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Jean-Claude Remoleux dans L’Étalon
 
Deux films seront donc projetés — Chut ! (Mocky, 1972) et Le Chant du Départ (Aubier, 1975) — histoire de faire connaissance avec Jean-Claude Rémoleux -, mais le show était ailleurs, et le chroniqueur de France Culture lui a presque fait de l’ombre. Mais après avoir partagé avec le public sa correspondance avec la mère de l’acteur, avoir fait la promotion de l’association Marinella — l’amicale de ses défenseurs -, après avoir lu la fiche nécrologique de haute-volée que lui consacraient les Cahiers — et signée Olivier Assayas ! -, … Christophe Bier a fini par rendre le micro et nous a autorisés à aller dormir !
 
“Mais décidément, t’es dans toutes les projections cheloues toi !” m’a lâché un camarade festivalier pendant la journée. Oui, et j’y serai aussi le lendemain !
 

 
J4 — EXILS ET HEUREUX VOYAGES
 
Le spectacle a continué ! Au programme de cette quatrième journée à l’Étrange Festival : une double infidélité au ventre de Paris, de la musique qui fait trembler les murs, un cowboy taciturne et une mayonnaise qui n’a pas pris. J’vous raconte !
 
Mon vendredi 6 septembre a top-départé avec une rencontre passionnante et débridée : Sixtine Audebert teasait les oreilles d’Hors-circuits de la sortie imminente du nouvel opus de son fanzine Rëquiëm. Elle nous a aussi partagé ses partis pris militants et combatifs sur ses métiers d’universitaire et de journaliste — elle était d’ailleurs ce samedi sur les ondes de Mauvais Genres pour confier ses premières analyses de l’Étrange . Bref, autant vous dire que l’entretien déménage, et il sera bientôt en ligne sur le site internet de votre boutique de cinéma favorite — dans la rubrique “Court Circuit”. Alors STAY TUNED — ceci est un impératif !
 
Retour ensuite à Ithaque — aka le Forum des Halles — pour un documentaire coloré et musical. Parce que c’était le groupe DEVO qui était à l’honneur dans la salle 300. Alors j’avoue que je n’étais pas fan de ce groupe américain pourtant iconique du début des années 80. Et si cette heure et demie ne m’a pas davantage convaincu, j’en suis surtout sorti frustré d’un manque de perspective plus large. C’est — à mon sens — le tort de ce genre de portrait très auto-centré : on a l’impression que ces garçons de l’Ohio ont inventé à la fois la bouilloire et l’eau chaude. DEVO aurait-il pourtant été ce qu’il a été sans Kraftwerk ou Gary Numan — auxquels aucune mention n’est faite.
 
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DEVO
 
D’autres camarades festivalier.es ont préféré retenir le cadrage iconographique et presque philosophique du documentaire. En effet, ce dernier valorise — en long en large et en travers — le dadaïste concept de “devolution” — celui que le groupe n’a cessé de déplier, depuis ses balbutiements jusqu’à ses énormes succès. Reconnaissons aussi aux images un foisonnement joyeux et frénétique — presque épileptique. Alors bon, que chacun se fasse son avis...
 
Direction dans la foulée Le Cabinet des Curieux ! Le Passage Verdeau accueillait en effet le vernissage de l’exposition “Mirabilia Creatura”, qui accompagne à distance — et jusqu’au 15 septembre — le festival. Alors le séjour fut — malheureusement — express mais j’ai tout de même eu le temps de me frayer un chemin dans les arcanes bondées de la galerie, histoire d’admirer quelques raretés exotiques : une poupée d’envoûtement notamment, ou la composition d’une sorcière bolivienne. Mais que les amateurs d’ésotérisme se rassurent, le rendez-vous est pris avec Laurent Courau , curateur de l’expo, pour qu’il m’en dise davantage dans les jours à venir !
 
Sans transition, l’après-midi s’est prolongée par Duel à Monte Carlo Del Norte (2023), nouveau bébé du dessinateur et réalisateur d’outre-atlantique : l’inénarrable Bill Plympton. Sept ans après son dernier film — Hitler’s Folly -, il revient donc aux affaires et il signe une sortie qui lui ressemble : fascinante et bordélique. C’est en tout cas ce que nous a dit Manuel Attali — d’ED Distribution — qui a eu la joie sinusoïdale de produire ce “western noir et écologique”. Parce qu’il n’a pas l’air tout à fait facile à gérer le Bill, et c’était visiblement un soulagement pour son producteur de voir le film enfin sortir !
 
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Duel à Monte Carlo del Norte
 
Ça c’était pour les coulisses, mais toujours est-il que Duel à Monte Carlo est une immense réussite : crade et explosive, autant que drôle et poétique. Elle a par ailleurs le charme des œuvres réalisées en totale autonomie — Bill Plympton s’occupe de pratiquement tout — : ce charme jusqu’au-boutiste, qui évolue dans son propre monde, avec ses propres codes, ses propres fantaisies. Ce charme hermétique et qui pourtant respire. À découvrir donc absolument — que les absentéistes et autres retardataires se rassurent, l’auteur sera bientôt en tournée du côté de Paris !
 
Cet orgiaque marathon devait finalement se conclure en grandes pompes. Cétait en tout cas le synopsis annoncé. Car le tapis rouge était déroulé à Fabrice du Welz — ainsi qu’à son équipe — pour la présentation de sa nouvelle réalisation : Maldoror (2024). C’est peu dire que tout le monde en parlait du réalisateur belge, deux fois à l’affiche de cette trentième édition — il présente aussi un film hommage à Pasolini — , et définitivement chez lui. Il suffisait pour s’en rendre compte d’observer une salle 500 archi comble, et d’écouter les éloges enflammés que lui réservait Frédéric Temps — décidément jamais avare en compliments.
 
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Fabrice du Welz et l’équipe de Maldoror ©Frederic Ambroisine
 

Je serais pour ma part plus mesuré. Maldoror est un film long, écoeurant — il adresse quand même le trafic d’enfants — et qui a failli m’éjecter de mon siège au bout de la première moitié : rapport à une image ultra esthétisée — pourtant paradoxale avec l’ancrage brut et social que revendique le réal — mais aussi à des personnages écrits à gros traits stéréotypés. Pourtant une fois opéré le deuil d’assister à un film parfait — ou qui me plaisait — il faut dire que la seconde partie est nettement plus réussie. Grâce à une montée en puissance étouffante notamment, ou à un acteur qui éblouit enfin de son talent. Les couloirs ne bruitaient cependant pas le consensus après la séance : j’ai même attrapé la comparaison avec une quelconque série Netflix — c’est pour dire.
 
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Maldoror
 
J’ajoute pour finir que mon coeur a frémi de manière inattendue : à l’apparition sur grand écran d’un t-shirt à l’effigie de Front 242. Et rien que ça, ça donne envie de crier “Viva la Belgique”!
 

J5&6 — IMMONDICES ET FINS DE MONDES
 
Le week-end du 7-8 septembre en a mis plein les mirettes autant qu’il a mis le moral dans les chaussettes. Au menu : une brochette de psychopathes, quelques partis pris cryptiques, et une collection clandestine. Récapitulatif !
 
Samedi 7 septembre à 15h30 se tenait dans la salle 100, la seule et unique projection de La Cible dans l’Oeil (1967), chef d’œuvre sulfureux de Paolo Cavara. Celui qui avait co-inventé le mondo movie — dans le matriciel Mondo Cane (1960) — adopte ici une posture déjà auto-critique sur ces images documentaires trash, sensationnelles et collectées comme des perles sur les routes du planisphère. Dans La Cible, il met en scène un protagoniste mis-en-abîmé — un réalisateur de mondo du nom de Paulo -, et qui va brûler sa vie et celles de son entourage dans sa quête vorace, vampirique et forcément mortifère.
 
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La cible dans l’oeil
 
Dans sa brillante introduction à la projection, Maxime Lachaud rapprochait d’ailleurs le film au Voyeur de Powell (1960) ou à Cannibal Holocaust (1980) — d’autres réalisations qui questionnaient, et questionneront, les incidences morales de la capture cinématographique. Mais par-delà les discours théoriques et méta, La Cible dans l’Oeil est d’abord une oeuvre sensitive, physiologique, qui renvoie les regards, de part et d’autre de l’écran, à leur capacité à encaisser un spectacle aussi insupportable que fascinant — pêle-mêle un papillon avalé tout cru ou un attentat dans un bar. Bref un chef d’œuvre certes, mais à consommer averti !
 
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La cible dans l’oeil
 
Nous retiendrons enfin la prestation majuscule de Philippe Leroy, dont on connaissait déjà le talent certain pour interpréter les prédateurs sadiques et misogynes — coucou Femina Ridens (1969) — mais son personnage pousse ici le bouchon encore plus loin, ajoutant à son arc une tendance voyeuriste sans limite. Le genre de gars qui va proposer à un moine bouddhiste de s’immoler par le feu, pendant qu’il serait en train de faire l’amour à sa copine, et tout ça, devant la caméra. Bah ouais carrément mec, moteur, on y va — haha ! Allez la suite !
 
Et d’abord, une question philosophiquement pratique : c’était quoi le principe et la direction de ces fameuses cartes blanches ? La classe, c’est Philippe Lux — de l’équipe de programmation de l’Étrange — qui nous répond : les vieux grimoires ont été sortis, tous les films projetés depuis 30 ans ont été répertoriés, et c’est dans cette liste que les Alexis Langlois — dont je vous parlais — ou autre James G. Thirlwell — dont je vous parlerai — ont été piochés. L’idée : faire réagir le dantesque héritage du festival à l’orée d’un nouveau regard, façon plutôt habile de s’offrir un petit coup de lifting.
 
En parlant de carte blanche, c’était justement au tour de Stephan Castaing de nous présenter le deuxième round de sa sélection, et après Le Monstre est Vivant, il faut dire qu’il est resté fidèle à son obédience bis et sacrément barrée. Car le pitch d’Apocalypse 2024 (L. Q. Jones, 1975) tient sur la moitié — du quart — d’un ticket de tromé : dans un monde post-apocalyptique, un jeune homme, accompagné de son chien télépathe — !! -, cherche à assouvir les besoins de son ventre et de ce qui est juste en bas.
 
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Stephan Castaing ©Frederic Ambroisine
 
Alors vous l’aurez compris, on est aussi loin de la fable progressiste que des livres d’histoire du cinéma, mais pour qui veut se débrancher la boite neuronale, c’est quand même pas si mal. Avec un Don Johnson plutôt convaincant dans un rôle plutôt débile, à cheval entre le western fantaisiste et la comédie sarcastique, A boy and his dog — en VO — peine pourtant à assumer tous les fils qu’il veut tirer, et surtout, la seconde partie est nettement en-dessous — à tous les sens du terme. Donc, amateurs de mauvais goût, réunissez vous ; les autres oust !
 
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Apocalypse 2024
 
Le lendemain, dimanche, c’était direct une autre ambiance. Alexis Langlois revenait une troisième et dernière fois aux affaires pour nous présenter The Last of England (1987), signé Derek Jarman. C’est peu dire que ce dernier s’est imposé récemment comme un des nouveaux jalons essentiels d’une contre-histoire du cinéma — celle qui tamise les évidences patrimoniales pour valoriser d’autres voix. Le réalisateur underground, queer et militant, propose ici — un an seulement après la découverte de sa séropositivité — une fable ésotérique, expérimentale, et qui croise les reliques d’un passé en flamme avec les balbutiements d’un futur encore en panne.
 
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Alexis Langlois ©Frederic Ambroisine
 

Donc oui, un film important assurément, mais aussi dense et difficile à saisir — la fin de la séance a d’ailleurs brassé un long moment de silence avant de rendre enfin hommage à l’expérience. Alexis Langlois parlait en introduction du mélange entre la rage et le lyrisme ; entre la poésie et la politique. Moi, je ne suis pas sûr d’avoir tout très bien compris — cramponné pourtant à mon premier rang — et me suis senti beaucoup plus à mon aise quand on me demandait un peu moins de réfléchir — team Stephan Castaing !
 
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The Last of England
 
Abonné à la salle 100, j’ai ensuite ENFIN assisté à la projection du documentaire dont tout le petit monde de l’Étrange jasait : Celluloid Underground (2023) ! Le curateur Ehsan Khoshbakht — qui officie notamment au prestigieux festival Il Cinema Ritrovato de Bologne — y trace un retour aux sources de sa cinéphilie frénétique à travers le portrait Ahmad Jurghanian, collectionneur clandestin de pellicules 35 mm pendant la révolution culturelle. Un témoignage donc, qui s’attarde sur le destin des images — leur vie, leur mort, leur mémoire -, mais qui m’a laissé, moi, sur le quai de la gare.
 
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Celluloid Underground
 
La faute peut-être à un narrateur trop présent, et qui n’oublie pas de parler beaucoup de lui avant de parler d’un autre — surtout que sa carrière a l’air de pouvoir le dispenser d’ego trip. La faute aussi peut-être à un discours polissé, bien pensant, capitonné, jamais vraiment mis en danger : Celluloid Underground peine finalement à trouver la profondeur de son récit. Rendons quand même hommage à la matière retranscrite à l’écran de ces bobines — véritables stars du film : leur composition, leur odeur, leur toucher, leur saveur. À l’ère du tout numérique, ce film d’Ehsan Khoshbakht est un rappel nécessaire et important. Bravo du coup, mais bof quand même !
 
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Celluloid Underground
 
Et pour conclure cette après-midi réjouissante, je me suis changé les idées avec un petit film qui l’est tout autant — doux sarcasme. Parce que The Killing of America (1981) ne fait pas vraiment dans la dentelle bucolique : on parle quand même d’un documentaire lapidaire sur les jeux de massacre qui se sont déroulés aux États-Unis au cours des années 70. Et pour vous donner une idée de la crudité du spectacle, la personne qui présentait la séance — et qui n’avait pas l’air tout à fait en sucre — s’est avoué hanté depuis une dizaine d’années par le film, a avoué aussi n’avoir aucune envie de le revoir, et a ponctué son speech d’un langoureux “bon courage” — soufflant au passage un nuage de chocotte dans la salle.
 
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The Killing of America
 
L’avantage de ce genre d’avertissement, c’est qu’on s’attend tellement au pire, que la lumière se rallume sur une note finalement pas si désagréable — “ah ba ça allait en fait” que j’ai entendu. Toute proportion gardée ! Car de Charles Manson à Ed Kemper, en passant par Lee Harvey Oswald et toute une ribambelle de gros psychopathes, Sheldon Renan et Leonard Schrader analysent avec méthode et précision cette escalade de la violence, livrant les images — très très très très explicites — au seuil de leur rationalité crue insondable. Alors ce documentaire n’est pas parfait, et l’introduction alertait de quelques détails putassiers — “Il ne va pas finir sur Imagine de John Lennon quand même … ?” Eh ba si ! — mais il n’en reste pas moins crucial et terriblement actuel. That’s all folks, à tomorrow !
 

J7 — PLAISIR COUPABLE ET PLEBISCITE PRIVÉ
 
Au programme de cette septième bougie soufflée : un nez piqué, une transe extatique et un cœur foudroyé. Soit 66,6666666667% de plaisir, et je vous raconte tout ci-dessous — lezgooooo !
 
La journée a pourtant commencé mollo malgré l’apparition sous les projecteurs de la salle 300 de James J. Thirlwell . En plus d’une performance sonore - annoncée magistrale - qu’il donnait le mardi 10 au soir soir, le musicien australien se voyait confier les clés d’une autre carte blanche. Et il a ouvert le bal, sans trop faire de vague, servant une proposition classique de chez classique : La Soif du Mal d’Orson Welles (1958).
 
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James Thirlwell ©Frederic Ambroisine
 
Pour l’anecdote, le film était projeté dans une version remixée : à l’encontre de celle bricolée par ses producteurs, et suivant les redirections demandées par son auteur dans un essai d’une cinquantaine de pages - quelles étaient-elles ? Mystère ! Coté narratif, rien de bien spécial sous un ciel sans étoile d’un film noir : un flic corrompu, des bad boys gominés, une jolie blonde - Janet Leigh <3 -, et des coups sur le nez. Alors consécration cinématographique ultime peut-être, mais en comparaison des autres bizarreries projetées, elle m’est apparue plutôt molle de la guibole. J’ai même eu du mal à rester éveillé !
 
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La Soif du Mal
 
Rendons quand même à Orson Welles ce qui lui appartient. Car le monstre sacré - et plus monstrueux que jamais - a quelques tours dans sa manche. Ces plans sur ces visages déjà, filmés en légère contre-plongée pour souligner les traits inquiets, fatigués, biscornus de ses personnages. Il y a aussi les plans-séquences forcément - ils font la légende de La Soif : ce genre de prouesses virtuoses, techniques et organiques, désormais rares sur les grands écrans. Donc pas ouf, mais le meilleur était encore à venir !
 
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Makamisa
 
Parce qu’on le tient le gros BANGER de cette trentième édition !! Et il nous vient tout droit des Philippines et de l’esprit savoureusement dérangé de Khavn de La Cruz . “Une séance spéciale, même pour l’Étrange Festival” prévenait Laurent Courau, entre deux boutades d’un réal très très show. Non content de faire bidonner l’assemblée, à coup de solo de kuping - c’est comme ça que ça s’écrit ? - notamment, ce dernier s’est ensuite laissé aller à présenter son bébé comme “un chef d’oeuvre du 21e siècle” et comme un mélange entre “des champignons morts et ChatGPT”. Autant vous dire que ça promettait !
 
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Khavn de La Cruz ©Frederic Ambroisine
 
Et le miracle a eu lieu !! Pas seulement parce que Khavn a fini par se lever du fauteuil handicapé sur lequel il était arrivé - mise en scène qui l’a beaucoup fait marrer -, mais surtout parce que Makamisa: Phantasm of Revenge est hors-norme, unique, cathartique. Une sorte de grande messe païenne, drôle - mais qui ne cède jamais à la bouffonnerie - et sensorielle - jusqu’à la lévitation extatique. Qu’est-ce que ça raconte ? À vrai dire, peu importe : “Oubliez l’intrigue, gardez l’hallucination” notait le programme bien inspiré de l’Étrange. Fort, très fort !
 
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Makamisa
 
Alors bien sûr, on pourrait trouver au film une généalogie : du cinéma de Méliès - pour ses vues enchanteresses et statiques - à Sayat Nova (1969) - pour sa poésie LSDique. Après coup, un petit groupe se demandait également si les images avaient été trafiquées à la main ou par assistance numérique - pour l’ajout de couleurs et autres sorcelleries. Là encore, peu importe. Parce que Makamisa est un tour de magie réussi, un lapin sorti du veston, une expérience qui laisse aux frissons le soin de répondre à ses questions. Et en plus, la soundtrack est splendide. Alors pour tout ça, chapeau à l'artiste !
 
Ce rodéo à dos de licorne enragée m’a ensuite transporté vers ma dernière projection de la journée : le très graphique Mandy (2018), et c’est James Thirlwell, à nouveau, qui avait décidé de nous le partager. Un choix surprenant, car le film de Panos Cosmatos a déjà fait couler beaucoup d’encre, et ce, il n’y a pas si longtemps. Mais Foetus - l’alias du musicien - n’en fait décidément qu’à sa tête, et je le remercie, parce que j’ai pris une sacrée gifle.
 
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Mandy
 
Je suis d’ailleurs peut-être bien le seul. Un admirable compère me confessait par exemple son scepticisme après la séance, reprochant notamment une mise en route beaucoup trop lente, et une pointe de vitesse qui manquait d'allégresse. D’autres ont littéralement dézingué des images beaucoup trop esthétisées, beaucoup trop “à mode”, beaucoup trop “wannabe cool” pour l’être tout à fait. Des critiques auxquelles on ne peut qu'acquiescer, tant Mandy est d’un funambulisme fragile entre le 1000e degré, et le vide.
 
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Mandy
 
Perso, j’ai pris mon pied. J’ai kiffé la générosité baroque du fim, son escalade vengeresse et grotesque - qui tire presque du côté de Berserk. Je trouve également Nicolas Cage toujours aussi fascinant dans sa capacité à se réinventer, à surprendre : il n’y a que lui - ou presque - pour se lancer dans ce genre de pari insensé, comme s’il dansait une valse enflammée - et amusée - avec ce qui reste de sa crédibilité. Bon, j’avoue aussi que je suis tombé amoureux fou de la protagoniste jouée par l’hypnotique Andrea Riseborough - imaginez une fusion intersidérale entre Eva Green et Shelley Duvall - donc j’imagine que je ne suis pas non plus très objectif sur le film … Mais voilà, Mandy est un plaisir coupable acidulé, dont on aurait tort de se priver. Donc pour ça : ILY !
 

 
J8 — ÉBRIÉTÉ MACHISTE ET POLY-MUSIQUES
 
Votre serviteur commençait un tantinet à flancher, et s’est même laissé aller à quelques coups dans le gosier - prémonitoires, vous allez voir. Mais c’est la fête quand même parce que le festival trentenaire réservait encore de bien belles surprises. J’vous raconte !
 
Ce mardi 10 septembre à l’Étrange s’est ouvert sur une curieuse envie de tester la version virgin de mon cocktail favori ! Pour — déjà ! — le troisième opus de sa carte blanche, James J. Thirlwell nous réservait en effet une surprise qui sentait fort l’alcool frelaté et la gueule de bois concassée, à savoir Réveil dans la Terreur réalisé par Ted Kotcheff en 1971. Mais au-delà de la missive sur les dangers de l’alcoolisme, c’était surtout une manière pour le musicien de nous amener chez lui, en Australie : une mère patrie qu’il a quittée très vite, et sur laquelle il porte ici un regard amer et acide.
 
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Réveil dans la Terreur
 
Parce que, sur fond de vacances en terre éthylique — en quatre mots, le pitch du film — , se dessinent les contours d’une société rongée par sa normativité débile et par son machisme putride. Ah ba c’est sûr qu’à coeur bourré, rien d’impossible, et c’est toujours les mêmes qui en payent le prix : les femmes bien sûr — réduites à un quasi-esclavage domestico-sexuel — mais les kangourous aussi. Réveil offre d’ailleurs une des scènes les plus dérangeantes et cruelles de toutes celles — vraiment dérangeantes et vraiment cruelles — visionnées jusqu’à présent à dans cette édition festivalière : celle d’un corps-à-corps entre un animal et le protagoniste, qui se boucle par une mise à mort sadique — vous imaginez de qui. C’est quand déjà le dry january ?
 
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Réveil dans la Terreur
 
Heureusement, la suite était plus réjouissante car la musique signait son retour à l’Étrange — yahouuu ! Au programme : la performance de Thirlwell annoncée en très grandes pompes, ainsi que deux concerts pour la précéder. Alors je n’ai pas réussi à profiter du premier, mais autant vous dire que le second a envoyé un sacré — sacré sacré — pâté ! Aux influences hybrides — et improbables — entre les rythmes afro-incantatoires de Dakar et des grosses guitares bien darks, Ndox Electrique a fait trembler les murs de la salle 500, au point de faire déborder de son siège un public en TRANSE ! Bravo à eux, et merci aux équipes de Mutation Magazine pour cette programmation intrépide — de génie !!
 
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Ndox Electrique ©Frederic Ambroisine
 
Venait enfin le clou promis du spectacle : Foetus — l’alias de sa majesté australe — accompagnait d’une composition le film Heaven & Earth Magic (1962) du réalisateur états-unien Harry Smith. Un spectacle intense, engagé, qui, au risque de jouer les iconoclastes, ne m’a pas tout à fait sidéré. Rapport à une performance plus numérique que organique : Thirlwell jouait avec un contrôleur — donc avec des boucles, plutôt qu’avec un instrument musique — et cela a eu l’effet, à mon avis, de l’éloigner de l’héritage artisanal des images animées “collées”.
 
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James Thirlwell ©Frederic Ambroisine
 

De plus, l’artiste a plaqué une ambiance sonore post-indus de A à Z. Bon, ça à la rigueur, chacun ses goûts — et c’était sa proposition après tout — , le tort était cependant d’enfermer le film de Smith dans une seule vision possible. Façon effet Koulechov synesthésique : tout ce qui aurait pu apparaître aussi guilleret et fantaisiste, n’est resté que glauque et morbide. J’ai presque eu l’impression de me faire lire Le Petit Prince avec la voix de Dark Vador : c’est une proposition certes, mais tient-elle vraiment la route ? — “Dessine moi un mouton rhonnn-pschhht” !
 
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Heaven & Earth Magic
 
Après, rassurez-vous, la salle 500 a fait abstraction de mes doutes. Au contraire, elle a déversé un torrent d’applaudissement — et quelques frénétiques “BRAVO” — pour féliciter son héros. L’honneur est sauf !
 
Sur ce, je vais faire rhonnn-pschhht — à très vite !!
 

J9&10 — BOUQUET FINAL ET BLANC MOUCHOIR
 
Un mercredi 11 septembre sous le signe de la bave au bord de la gencive parce qu’elle assaisonnait trois de mes passions dans la vie : les pantalons patte d’eph, les aphorismes métaphysiques, et les recommandations de Dimitri Ianni. Et puis un jeudi 12 moins orgasmique. Bref, récits d’un bon gros plongeon acrobatique en eaux troubles, d’autres orgies de mets hystériques, d’autres moments passés à l’Étrange Festival. J’vous raconte !
 
Pas d’erreur sur le titre : La Vengeance de la Sirène (Ikeda, 1984), ce n’est pas — mais alors pas du tout — l’histoire d’Ariel qui va botter le popotin d’Eric. En même temps, j’arrivais préparé : le film m’était recommandé par Dimitri Ianni, LE spécialiste français des cinémas pink et documentaire japonais — dans les bacs imminents d’une interview pour Hors-circuits, hâte hâte hâte ! Autant vous dire que Walt Didi, c’est moyennement le dada de Dimitri ; mais que, quand il recommande un film, on y va — plein gaz !
 
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La Vengeance de la Sirène
 
Dans un combo prometteur, la séance était d’ailleurs présentée par Julien Sévéon — décidément de toutes les épiques projections. Le journaliste a d’abord partagé sa passion ancestrale pour Toshiharu Ikeda — dont il avait découvert le Evil Dead Trap (1988) sur VHS et sans sous-titre, une autre époque … — avant de nous rencarder sur celui qui est “resté longtemps le secret le mieux gardé du Japon” : son chemin hasardeux vers le cinéma, son court séjour à la Nikkatsu, son parcours à la Director’s Company. C’est avec cette boîte de production — créée avec l’ambition de laisser les mains complètement libres à ses réalisateurs — que La Vengeance de la Sirène voit le jour. Comme d’ailleurs Crazy Family — chroniqué en J2 ci-dessous — sorti la même année dans une sorte de grande cousinade bordélique. Voilà voilà !
 
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La Vengeance de la Sirène
 

Toshiharu Ikeda nous raconte la fièvre vengeresse d’une pêcheuse — les poissons, pas les je-vous-salue-Marie — contre les promoteurs d’un projet nucléaire. Ces derniers ne se sont pas privés de disposer de son mari pour mener à bien leurs affaires ; donc forcément, la pêcheuse est bien vénère. C’est moins la superlativité baroque de la vendetta que l’on retient cependant — malgré quelques succulents geysers de sang — que la portée sociale et environnementale de ce “thriller écologique”. Son tour de force est en effet de mêler les enjeux d’une lutte des classes, entre cols blancs et cols bleus — marine -, à la menace de la surenchère capitaliste sur un écosystème fragile. Donc de la grosse balle — même si j’ai regretté de ne pas voir plus de ces sublimes plans subaquatiques !
 
La suite réservait une autre rencontre, mais clairement pas du même type. Direction Bollywood et son mirifique Disco Dancer (1982) ! Moi, du cinéma indien, je connaissais surtout Satyajit Ray, et c’est peu dire que mes lacunes ont pris une droite en pleine tirelire, façon poing américain en or qui brille. C’est à James J. Thirlwell — j’ai l’impression d’avoir écrit 14.000 fois son nom en une semaine — que l’on devait la découverte de ce distant remake de Saturday Night Fever (1977) : après un classique (La Soif du Mal), après un voyage morbide en Australie (Réveil dans la Terreur), avant le kaléidoscopique Enter the Void, le musicien insérait cette fois sa carte blanche dans un TPE exquisement kitsch — doux euphémisme.
 
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Disco Dancer
 
Bon … Que les puristes se méfient, parce que là, on est loin loin loin dans le cinéma bis. Donc ouverture des chakras obligatoire, mais bon dieu quel délice ! Au menu — non-exhaustif : des juste-au-corps à paillettes, des chorégraphies qui feraient trembler Kamel Ouali, mais aussi des Wawashi Geri au ralenti, et même une guitare réduite en miette — de la danse et de la bagarre, le Graal. La boule à facette de Disco Dancer n’a privé son public ébahi d’aucune facétie : tous les curseurs sont poussés à 200%, et c’est ce qui en fait une oeuvre drôle, généreuse, jusqu’au-boutiste. En plus, le film est un festin autant pour les yeux que pour les oreilles : la bande-originale est juste atomique. On y pioche même quelques mélodies familières : certaines inspirées de tubes pré-existants — « Video Killed the Radio Star » des Buggles notamment, ou « T’es OK » du groupe Ottawan -; d’autres ont ensuite été samplées — par M.I.A. par exemple. Si vous n’avez toujours pas foncé voir ça de vos propres rétines, je vous glisse ci-dessous un petit avant-goût. ALLEZ DANSE JIMMY !
 
Après une énième quiche lorraine engloutie au 7e Bar — l’oasis nourricière du Forum des Images -, cet espiègle mercredi s’est bouclé avec des considérations plus métaphysiques : le portrait d’un/e des artistes les plus influent/es de ces 50 dernières années, Genesis P-Orridge. “Si tu sais déjà tout de Genesis, pas la peine d’y aller” m’avait prévenu une consoeur festivalière ; et comme je ne savais même pas qu’iel était mort/e pendant le COVID : “C’est bon, tu peux y aller” que la consoeur a enchaîné. J’en suis sorti ébloui !
 
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S/He Is Still Her/e
 
Déjà parce que le documentaire est admirablement construit — ludique, efficace, précis -, qu’il est formidablement documenté — ses images, son récit — mais surtout parce qu’il rend hommage à une figure essentielle — adulée et détestée — de notre espace culturel — iel est décrit/e à la fois comme « un/e artiste d’avant-garde », comme « un/e explorateur/trice universel/le », mais aussi comme « un/e musicien/ne scabreux/se et primitif/ve ». S/He Is Still Her/e est donc nécessaire au moins dans cette perspective : celle de se mettre à la page, de prendre la mesure de toutes les murailles qu’iel a franchies — autant dans les arts performatifs, dans la musique, que dans la transformation même de son corps. Mais voilà, ce film est de ceux qui donnent envie d’appuyer sur pause toutes les cinq minutes, le temps de méditer sur ces belles paroles prêchées, de les laisser infuser et respirer, comme une main tendue vers d’autres vies possibles — et en plus, ça donne envie d’écouter plein de Psychic TV <3
 
Quelques mots enfin du lendemain, d’un jeudi moins stimulant et donc moins nourrissant pour le debrief. Il a commencé par le quatrième épisode de la mini-série La Duchesse D’Avila, réalisée par Philippe Ducrest en 1968, et sortie sur les petits écrans en 1973 : une anomalie télévisuelle, raffinée et sensuelle, perdue quelque part entre les badineries permissives de Walerian Borowczyk et les enfantillages poétiques de Jacques Demy — sans pour autant avoir la magie, ni de l’un, ni de l’autre. Avec tout de même une jolie bande-sonore signée Pierre Vassiliu !
 
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La Duchesse d’Avila
 
Au programme ensuite : la soirée Métal Hurlant — pleine à craquer — et à laquelle j’assistais surtout — exclusivement — pour la projection de L’Ile de Kim Ki-Duk (2000). Il a fallu être patient — urghhh -, parce que se donnait avant un hymne jubiléique aux cinquante ans du magazine : avec prises de micro de membres fondateurs — Jean-Pierre Dionnet, Étienne Robial — et deux de ses dessinatrices actuelles — Lolita Couturier, Elene Usdin. Passionnant pour les passionnés forcément ; pour moi, pas tellement !
 
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Jean-Pierre Dionnet ©Frederic Ambroisine
 
Discours achevés, court-métrages montrés — dont le très beau Empty places de Geoffroy de Crécy -, je pensais que l’heure de la Corée était enfin arrivée, mais non … Jean-Pierre Dionnet — quelle classe il a quand même celui-là — a préféré montré en premier l’autre des deux longs à l’honneur de la festivité : Les Évadés de l’Espace (1978), paraphrase nippone de Star Wars (1977). La magie du bis, c’est que parfois ça marche et c’est fabuleux — ô mon Disco Dancer — ; d’autres fois, ça ne marche pas et c’est comme ça — là, j’ai regardé 50 fois ma montre, mauvais signe.
 
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Les Évadés de l’Espace
 
C’est à 23h15, qu’ENFIN démarrait L’Île — film sur ma to-watch-list depuis mon expérience du sublime Locataires (2004). Les deux correspondent d’ailleurs, mobilisant les mêmes ingrédients : l’infâme cruauté du décor ; le silence monacal de personnages inadaptés ; le bruit étouffant des non-dits et la radicalité des sentiments. En introduction, Jean-Pierre Dionnet disait de ce réalisateur qu’il incarnait seul le cinéma des champs en Corée du Sud, quand d’autres — Bong Joon-ho par exemple — se rattachent davantage au cinéma des villes : une partition qui renvoie Kim Ki-Duk à la marginalité de ses images — marginalité qui déborde de part et d’autre de l’écran.
 
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L’Ile
 
Âmes sensibles s’abstenir ! Si L’Île brille par sa poésie discrète et ascétique, il comporte aussi des scènes insoutenables — foutus hameçons : je n’ai d’ailleurs pas réussi à retenir un cri d’effroi — ce qui a beaucoup fait marrer mon voisinage. Les poissons en prennent aussi pour leur grade, et cette violence animale a bien l’air d’être réalisée sans trucage. Donc bon … Notons en plus la prestation XXL de Suh Jung — vénéneuse et blessée -, ainsi que les plans époustouflants et brumeux sur ce lac mystérieux.
 
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L’Ile
 
Voilà voilà, c’était tout pour moi, malheureusement soufflé vers d’autres aventures et privé des innombrables immondices prévues par ces derniers jours de festival - la projection de Tusk (Jodorowsky, 1980) notamment et les hommages à Roger Corman.
 
Bon vent l’Étrange, bon anniversaire et à la trente-et-unième !!
 

© Nicolas Andrieux, 2024 (Instagram : @_n.to.the.x_)/ Hors-circuits
 
 
 
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Circuits Courts: la rubrique de Nicolas Andrieux #1 Aldo Lado & rencontre avec l'éditeur Frenezy
 
Circuits Courts: la rubrique de Nicolas Andrieux #2 Rencontre avec Christian Valor et Marilyn Jess
 
Circuits Courts: la rubrique de Nicolas Andrieux #3 rencontre avec Laurent Courau
 
Circuits Intégrés: 10 jours à l’Etrange festival 2024
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le film Kill a depuis été auréolé du Grand Prix Nouveau Genre. Grâce à ce prix, le film est racheté par Canal+, et sera diffusé prochainement sur la chaine !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Christophe Bier a animé pendant 20 ans une chronique sur l’émission « Mauvais Genres » de France Culture, et il est l’auteur - notamment - du Dictionnaire des films français pornographiques & érotiques de longs métrages en 16 et 35 mm (Serious Publishing, 2011)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laurent Courau est fondateur et rédacteur en chef de La Spirale, et de Mutation Magazine. Il est également auteur - notamment du Vampyres, quand la réalité dépasse la fiction (Flammarion, 2006) - et réalisateur - des Sources Occultes (Musée L’Organe, 2019) par exemple.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Maxime Lachaud est écrivain, journaliste, animateur, historien du cinéma […] et spécialiste des genres marginaux. Il a publié notamment l’ouvrage Mondo movies : Reflets dans un œil mort (Bazaar & co, 2010, coécrit avec Sébastien Gayraud) qui ressortira en 2025 chez Potemkine dans une version augmentée de quatre films (dont La Cible dans l’Oeil et Afrique Adieu) et d’un vinyle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


L’homme aux innombrables alias - James G. Thirlwell, Foetus, Clint Ruin - est une légende des scènes post-punk et industrielle, réputé notamment pour son style débridé et éclectique. Il est aussi l’un des camarades anthologiques de l’immense Lydia Lunch - que l’on adore chez Hors-circuits !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Réalisateur philippin originaire de Manille, près de 300 films au compteur, Khavn de la Cruz est adepte d’un cinéma DIY, punk et flamboyant. Nous retiendrons notamment son documentaire Squatterpunk (2007) et son film d’horreur musicale Mondomanilla or: How I Fixed My Hair After a Rather Long Journey (2012).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Journaliste, essayiste, auteur, spécialiste des cinémas d’Extrême-Orient et d’autres bizarreries sur grand écran, Julien Sévéon a aussi créé la maison d’édition CinExploitation, et a consacré un ouvrage au réalisateur Satoshi Kon.


 
 
 
 
 

 

 
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