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mercredi 4 juillet, de 19h à 20h30, rencontre avec Jean Rollin, qui vient de terminer son dernier long métrage, La nuit des horloges, Jean-Pierre Bouyxou, spécialiste du cinéma d'avant-garde, et Stéphane du Mesnildot, critique cinéma et auteur de l'unique livre sur Jess Franco. HORS-CIRCUITS 4 rue de Nemours 75 011 Paris (m° Oberkampf / Parmentier) à 19h15, interview publique de Jean Rollin et Jean-Pierre Bouyxou par Stéphane du Mesnildot, puis apéro ACTU: rencontre Jean Rollin avec Ovidie le mardi 20 janvier 2009 à Hors-circuits par ici ACTU: rencontre avec Jean-Pierre Bouyxou le jeudi 19 mai 2016 à Hors-circuits par ici VOIR LE FILM DE LA SOIREE
Jean-Pierre BOUYXOU
Jean-Pierre Bouyxou meets the Naked Vampire par Stéphane du Mesnildot Le Frankenstein de Jean-Pierre Bouyxou est sorti aux éditions Premier Plan en 1969, l’année de ma naissance. Il a donc fallu 13 ans, précisément, pour qu’il atteigne la devanture d’une librairie de cinéma à Aix-en-Provence et que je m’arrête, fasciné par la couverture noire encadrant le portrait de Boris Karloff. Croyant surtout glaner quelques informations sur les films de James Whale, je découvrais bien plus encore : toute la série Hammer, des improbables « nudies », une fascinante photo de Wendy Luton (ce qui à 13 ans justifiait aussi l’achat du livre) mais aussi le passage en fraude de l’Underground avec Philippe Bordier, Jonas Mekas et le Living Theater. Mais surtout, comme pour contredire la solennité de la couverture, quelques crises de fou rire provoquées par un langage alerte, sans rapport avec celui des autres critiques ou écrivains sur le cinéma. : « Il eut été dommage de ne pas grouper, au risque de redéranger quelque peu la chronologie, ces trois comprimés d’imbécillités, les films les plus ineptes qu’Hollywood ait jamais produit. Il est difficile de se faire une idée exacte de la laideur, du crétinisme de ces trois splendides navets. » (De I was a Teenage Frankenstein à Frankenstein’s Daughter). Bouyxou n’apparaissait certes pas comme un maître à penser mais plutôt en pote cinéphile nous racontant ses poilades et enthousiasmes.
Ainsi, à l’âge où les camarades de collège collectionnaient plutôt les autocollants de footballeurs, j’avais été victime d’un attentat cinéphile, entraîné au fin fond du cinéma Bis, des pellicules super 8 de culturistes pour public « averti », des « Furakenstein » japonais et de l’Underground bordelais. Donc, au fil des années, au gré de numéros de Vampirella, de Métal Hurlant, aux génériques des films de Jean Rollin, dans des entreprises aussi étranges que la revue Fascination consacrée à l’érotisme de la Belle Epoque, se composait un très hétérogène, pour ne pas dire frankensteinien, personnage. Créature qui fut finalement croisée à la cinémathèque, après une projection de The Queen of Sheba Meets the Atom Man de Taylor Mead (dont le titre est à lui seul un résumé de la geste bouyxienne). Finalement, c’est à la rétrospective de l’avant-garde française organisée en 2000 à la Cinémathèque que nous avons découvert les films réalisés par Jean-Pierre Bouyxou, ou du moins ceux ayant survécu (car Bouyxou n’est pas, et on peut parfois le regretter, l’archiviste de sa propre vie) : Graphity (“Nos films voulaient être aux films traditionnels ce que les graffitis de chiotte sont à la grande littérature”). et Satan bouche un coin (où joue Pierre Molinier).
Pour Bouyxou, ni dieu, ni maître et encore moins de frontières entre les catégories : fantastique, érotisme, expérimental, chef-d’œuvres ou navets. Logique pour l’un des plus actifs ambassadeurs de Pierre Molinier, l’artiste de toutes les hybridations. Pour finir. On peut lire sur le forum de Mad Movies les inquiétudes d’un jeune cinéphile : « Est-ce vrai qu'un jour Les Cahiers du Cinéma ont vraiment titré "Les procédés foireux de Argento la pute" ou quelque chose comme ça? » Nous savons bien que non, Les Cahiers du cinéma n’auraient jamais osé un tel titre, mais que cette phrase est à mettre au compte des nombreux forfaits de Jean-Pierre Bouyxou, le Fantômas de la cinéphilie. Rencontre avec Jean-Pierre Bouyxou
biographie Jean-Pierre Bouyxou Né le 16 janvier 1946 à Bordeaux. Premiers articles en 1964, dans des fanzines (Mercury, Lunatique, etc.). A participé à des happenings, à des expositions de peinture, à des pièces de théâtre, à la programmation de festivals, etc. Principales collaborations : Miroir du fantastique, Ciné-Revue, Continental Film Review, Actuel, Europe, Vampirella, Sex Stars System, Curiosa, Show Bzzz, Zoom, Cinéfantastic, Métal hurlant, L’Echo des savanes, Penthouse, Lui, Newlook, Hara-Kiri, Yéti, La Revue du cinéma, Vertigo, Paris Match. Rédacteur en chef de Fascination (trente numéros de 1978 à 1986). Radio : "Apportez-nous des oranges" (RTBF, 1973-74), "Nuits de Chine" (France Inter, 1991-92), "Mauvais Genres" (France Culture, depuis 2000). Télévision : présentation de films sur la chaîne Ciné Classics. Principaux livres : 65 ans de science-fiction au cinéma (avec Roland Lethem, 1968, GECF), Frankenstein (1969, Premier Plan), La Science-Fiction au cinéma (1971, UGE, collection 10/18), Femmes légères et chansons grivoises (1972, Aspic), Le Couple aux mille perversions (1973, Editions du Pas), Ode à l’attentat pâtissier (sous le nom de Georges Le Gloupier, 1984 et 1995, Deleatur, et 1986, Club des Ronchons), L'Aventure hippie (avec Pierre Delannoy, 1992, Plon, 1995 et 2000, Editions du Lézard), A propos de Pierre Molinier (avec Pierre Bourgeade et Noël Simsolo, 1999, Variable et A l'enseigne des Oudin), Stars en liberté (avec Marc Brincourt et Guillaume Clavières, 2002, Filipacchi) et une quinzaine de romans érotiques (1979-1982) sous divers pseudonymes (Claude Razat, Jérôme Fandor, Georges Le Gloupier, Georges de Lorzac, Elisabeth Bathory, Philarètre de Bois-Madame). A dirigé avec Jean-Patrick Manchette la collection de science-fiction "Futurama" aux Presses de la Cité. Auteur de la pièce radiophonique Bloody Mary (France Culture, le 2 février 2003). Principales contributions à des ouvrages collectifs : La Grande Encyclopédie de la sexualité (1980-1981, Edilec), Une encyclopédie des cinémas de Belgique (1990, Yellow Now et Musée d'Art moderne de la Ville de Paris), Une encyclopédie du nu au cinéma (1994, Yellow Now), Jeune, dure et pure ! Une histoire du cinéma d’avant-garde et expérimental en France (2001, Cinémathèque française et Mazzotta), Jack Arnold, l’étrange créateur (2001, Yellow Now), Cultish Shocking Horrors (2003, Glittering Images). Participation (acteur, scénariste, assistant réalisateur, etc.) à une cinquantaine de films (de Philipe Bordier, Etienne O'Leary, Roland Lethem, Jess Franco, Jean Rollin, Michel Barny, etc.). Réalisation de quatre courts métrages expérimentaux et de deux longs métrages pornographiques classés X.
filmographie Jean-Pierre Bouyxou 1967 – L'Anarchie 16 mm, noir & blanc.10 minutes. Documentaire produit et diffusé par la section bordelaise de la Fédération anarchiste, à l'occasion d'une exposition sur l'histoire du mouvement libertaire. Il n'existe plus aucune copie. 1967-1968 – Satan bouche un coin Coréalisation : Raphaël-G. Marongiu. 16 mm, couleur. 12 minutes. Durée subsistante : 9 minutes et demie. Film expérimental. Tourné à Paris, Bordeaux et Bruxelles. Diffusion : Ciné-Golem. Interprétation : Pierre Molinier, Janine Delannoy, Etienne O'Leary, Michèle Giraud, Anne-Marie, Jean-Bernard Désobeau, Loïc Picard, Muriel Rulier, Philipe Bordier, Jean-Claude Vaucheret, Noël Godin, Nadja Gohrr.
Satan bouche un coin de Jean-Pierre Bouyxou 1968-1969 – Graphyty 16 mm, couleur. Durée variable (de 9 à 45 minutes selon les projections). Durée subsistante : 20 minutes environ. " Work in progress ", rallongé ou raccourci selon le cours irrégulier de son élaboration et de ses détériorations. Film expérimental (grattages et dessins sur pellicule vierge ou usagée, collages divers). Musique : Jean-Pierre Bouyxou et Philipe Bordier (la bande sonore originelle, enregistrée sur piste magnétique séparée, est perdue.) Diffusion : Ciné-Golem. 1972 – Sortez vos culs de ma commode 16 mm, noir & blanc. 20 minutes. Film expérimental (" ready made " : détournement d'un film d'instruction militaire, dérobé au Service cinématographique de l'Armée belge et agrémenté d'un générique fantaisiste). Diffusion : Ciné-Golem (France) et Cinéma Parallèle (Belgique). 1976 – Amours collectives (titre de tournage : Histoire d'X). 16 mm gonflé en 35, couleur. 80 minutes (réduite à 75 minutes par le distributeur). Homologué par le CNC comme une réalisation de Jean Rollin. Film pornographique, classé X. Production : Scorpion 5 et Off Productions. Distribution : Avia Film. Edition vidéo (en version tronquée) : Concorde. Interprétation : Jean-Pierre Bouyxou, Rachel Mhas, Cathy Castel, Jean-Louis Vattier, Alban Ceray, Cathy Cat, Jacques Marbeuf, Willy Braque, Jackie Dartois, Caroline, Mike Gentle [= Jean Rollin]. 1978 – Entrez vite... vite, je mouille ! (titre de tournage : La Ruée vers l'orgasme, titre vidéo : Laura - Entrez vite, je mouille) 35 mm, couleur. 80 minutes. Homologué par le CNC sous forme de deux courts métrages autonomes, Entrez vite... et Vite, je mouille ! Film pornographique, classé X. Production : Films A.B.C. (Jean Rollin). Distribution : Avia Film. Edition vidéo (en version tronquée) : Vidéo Marketing. Interprétation : Cathy Steward, Jenny Feeling, Cyril Val, Dominique Aveline, Divan Ledoux, Véronika Smith, Elsa Pime, Michel Gentil [= Jean Rollin]. 2001 – L’étrange Festival Vidéo, couleur. 5 minutes. Production : MK2. Documentaire produit et diffusé dans le cadre du magazine " Court Circuit ", sur Arte. 2003 – Les Vamps fantastiques Coréalisation : Jean-Yves Bochet. Vidéo, couleur. 52 minutes. Documentaire diffusé sur CinéCinéma Classic (premiére diffusion : 1er novembre 2003). Production : Lieurac Productions & CinéCinéma. Avec des témoignages d’Ornella Volta, Françoise d’Eaubonne, Catherine Binet, Edith Scob, Hélène Merrick et Gudule, et des extraits de I Married a Witch (René Clair), Sanguine (Pierre Pattin), The Vampire Lovers (Roy Ward Baker), Portrait of Jenny (William Dieterle), Captive Wild Woman (Edward Dmytryk) et Abbott and Costello Go to Mars (Charles Lamont).
une rencontre organisée par l'association ZU
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les illustrations non créditées sont de Stéphane du Mesnildot
Voyage au pays de Bouyxou, Rollin et du Mesnildot... par ici
Jean ROLLIN
Véritable mythe dans le monde anglo-saxon, Jean Rollin -qui a réalisé depuis 1967 des dizaines de films et publié de nombreux ouvrages essentiellement fantastiques - connaît aujourd'hui une reconnaissance certaine. Il a tourné en 2006 son ultime long-métrage, La nuit des horloges, film-hommage à ses comédiens et à sa propre filmographie. Retour sur un parcours, une oeuvre fantastique fascinée par la beauté des femmes vampires, le fétichisme et le romantisme macabre... par Jérôme Spenlehauer (Cinétrange) Le fantastique occupe une place prépondérante dès le début de sa carrière. Dans les années 60, il commence par réaliser quelques courts-métrages. Il réalise son premier long métrage en 1967. Le viol du vampire montre que la figure emblématique du vampire sera au centre de son œuvre. Avec ce premier film en noir et blanc, Rollin pose les bases de son art, entre maîtrise du cadre et expérimentation, entre dialogues sophistiqués et amateurisme des acteurs. Situés constamment dans la même thématique et des ambiances aux accents gothiques, Rollin réalise plusieurs films à base de femmes-vampires dans lesquels il développe son style si personnel. La vampire nue, Le frisson des vampires et Requiem pour un vampire abordent invariablement le même thème mais Jean Rollin parvient constamment à nous surprendre. Un peu plus tard, dans les années 70, Rollin est passé par la case « porno » où le genre connaît un véritable essor. Activité lucrative mais artistiquement un peu vide, il fait néanmoins la connaissance de Brigitte Lahaie, que l’on retrouvera au générique de bon nombre de ses films. Il délaisse finalement la gaudriole scabreuse pour retourner dans le fantastique pur et dur avec Les raisins de la mort, film écologique avant l’heure puisque nous sommes en 1978. Le film dépeint les effets de pesticides répandus sur les vignes (d’où le titre). Les habitants se transforment alors tous en zombies, au grand dam de notre héroïne perdue dans la montagne. Dans les années 80, Jean Rollin alterne les genres, et passe allègrement du X au Z avec le mythique Lac des morts-vivants, une production fauchée et rigolote de la célèbre firme Euro-ciné. Jean Rollin n’est pas là pour rassembler les foules. S’il opère dans le cinéma fantastique, de "genre", ses œuvres ressemblent également à des films d’auteur. Il faut dire que Rollin s’est aussi illustré dans la littérature fantastique. Les deux langages (cinématographiques et littéraires) se confondent chez lui, si bien que ses films contiennent des dialogues poétiques et ses livres ont pour base un genre cinématographique. Si Jean Rollin fascine un public américain qui lui voue un véritable culte, le public français l’a bien souvent ignoré. Aujourd’hui, l’obsédé de vampirisme sort un peu de l’ombre. Une rétrospective lui a été consacrée à la Cinémathèque de Paris. La fiancée de Dracula est son dernier film sorti en salles, en 2002. Il a connu un petit succès et a reçu une bonne couverture médiatique. Il s’agit des aventures de deux enquêteurs sur la trace d’un « monde parallèle » peuplé de créatures bizarres. Le film présente un humour assez dévastateur, notamment lors des scènes se déroulant dans un couvent qui relève plus de l’asile psychiatrique. Rollin est finalement reconnu pour ses qualités. Les dvd de ses principaux films, disponibles depuis bien longtemps aux USA, sortent enfin en France. Malgré les modes actuelles de films mettant en avant la vitesse et les effets spéciaux, Jean Rollin continue son bonhomme de chemin et nous offre des films artisanaux, décalés et intemporels, toujours surprenants et c’est bien pour cela qu’on l’apprécie. Cinétrange :: web :: bibliographie sélective Jean Rollin Une petite fille magique, ed du Schibboleth. Les deux orphelines vampires, Fleuve noir puis Films abc. Les demoiselles de l'étrange, ed Florent Massot. Enfer privé, ed Sortilèges. La statue de chair, ed Sortilèges. Cauchemar d'anniversaire, ed Rafaël de Surtis. Tuatha, ed Sortilèges. Les dialogues sans fin, ed Les Belles Lettres. La petite ogresse, ed Rafaël de Surtis. Estelle et Edwige, les demoiselles de l'étrange, ed e-dite et Films abc. Jean Rollin, écrits libertaires, 1963-1980, ed Perspective Libertaire Jean Rollin, cinéaste-écrivain de Pascal Françaix, ed Films abc. filmographie sélective Jean Rollin Le viol du vampire, 1967 La vampire nue, 1969 Le frisson des vampires, 1970 Requiem pour un vampire, 1971 La rose de fer, 1972 Lèvres de sang, 1974 La nuit des traquées, 1980 La morte-vivante, 1982 Les deux orphelines vampires, 1995 La fiancée de Dracula, 2002 La nuit des horloges, 2007
Plus d'informations sur les sites suivants: Site officiel de Jean Rollin: shockingimages.com :: web :: Club des monstres: clubdesmonstres.com :: web ::
Stéphane du MESNILDOT biographie Outre son livre Jess franco, énergies du fantasme, Stéphane du Mesnildot est l’auteur d’articles sur Brian De Palma, Terence Fisher, Lucio Fulci, David Lynch. Il collabore depuis de nombreuses années à L’Écran Fantastique, a écrit dans Simulacres, Cinémathèque et a participé à la création d’Exploding, revue consacrée au cinéma expérimental. Il figure aux sommaires de L’Atalante, un film de Jean Vigo (2000) et de Jeune, dure et pure ! Une histoire du cinéma d’avant-garde et expérimental en France (2001). Il a également réalisé deux courts métrages sur le thème du vampirisme, Carmilla (2000) et Lacrima (2001).
à lire… interview de Stéphane du Mesnildot sur Jess Franco Koji Wakamatsu, le sang est plus rouge que le soleil (Cinéma 09 éditions Leo Scheer), interview avec Koji Wakamatsu Carnival of Souls, les créatures du miroir (Vertigo n°26) Elephant de Gus Van Sant
… et voir les films Carmilla Lacrima Le Vampire de Tokyo
Le vampyre de Tokyo
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